Couplés aux activités anthropiques, les changements climatiques pourraient amener la dégradation des écosystèmes riverains, une baisse de la biodiversité et de leurs services écologiques : purification, régulation hydrique, effet tampon, contrôle de l’érosion et services socioculturels.
La température de l’eau, qui est affectée par les changements climatiques, influence la quantité, la diversité et les processus biologiques de la vie aquatique. Les changements climatiques provoquent donc une modification des cycles biologiques des êtres vivants. On pourrait observer un déplacement des espèces aquatiques vers des températures plus clémentes ou même leur disparition.
À l’heure actuelle, il y a un manque indéniable de données permettant de prédire adéquatement les effets des changements climatiques sur les écosystèmes aquatiques et leur biodiversité. Pour répondre à cette problématique, le G3E a mis en place Des rivières surveillées, s’adapter pour l’avenir, un réseau permanent de suivi des cours d’eau. Ce dernier documente l’impact des changements climatiques sur les écosystèmes riverains et leur biodiversité via les programmes J’adopte un cours d’eau et SurVol Benthos. Depuis 2021, le G3E fournit des sondes de température aux participants du projet afin de documenter les variations de la température de l’eau. Il s’agit donc d’environ 30 organismes qui installent des sondes dans plus de 60 cours d’eau.
Alexandra, coordonnatrice de SurVol Benthos, qui retire la sonde de température dans la rivière du Berger à Charlesbourg en novembre 2021.
Qu’est-ce qu’une sonde de température?
Une sonde de température, aussi appelé thermographe, est un appareil qui mesure la température d’un environnement donné en continu ou à certains intervalles et qui est généralement installée pour une longue période. Ces appareils ont trois fonctions principales : la mesure de la température, l’enregistrement de la température et le téléchargement des données.
Dans le cadre de Des rivières surveillées, s’adapter pour l’avenir, les sondes sont installées à la fin du printemps lorsque la température le permet et sont retirées à l’automne. Les sondes enregistrent les données de température de l’eau à un intervalle de 30 minutes. On propose d’installer les sondes de température dans un tuyaux de PVC troué, afin de réduire la tension qu’il pourrait y avoir si on accrochait les câbles directement sur la sonde. Il y a, de chaque côté du tuyau, des cordes d’acier revêtus de PVC (de type corde à linge). On attache ensuite les cordes aux rives en les entremêlant entre les roches pour procurer une installation solide. Comme chaque rivière est différente, ce type d’installation peut varier. Il est donc bien important de connaître son cours d’eau avant d’installer la sonde. S’il s’agit d’une rivière qui augmente de débit rapidement à la suite d’un coup d’eau et que la sonde n’est pas bien installée… On pourrait malheureusement perdre la sonde.
Sonde de température utilisée dans le cadre des suivis environnementaux du G3E (Tidbit MX Temp 400 par HOBO)
Exemple d’installation possible pour les sondes de température.
Pourquoi installer les sondes dans des cours d’eau?
Avant l’achat de ces sondes de température, une donnée de température était prise la journée de l’échantillonnage. Pourquoi installer des sondes du printemps à l’automne? Tout d’abord, cela nous permet d’avoir une meilleure représentation de la température que nous avons eu durant ces saisons. En prenant la température de l’eau seulement à la journée de l’échantillonnage, nous avons une photo de ce qui s’est passée cette journée-là. Il aurait pu y avoir une grosse canicule la journée même par exemple, ce n’aurait pas été représentatif de la saison. En ayant un plus grand portrait (un enregistrement en continu de la température de l’eau), cela nous permet d’avoir une sorte de vidéo de ce qui s’est passé pendant ces mois.
Ensuite, dans le cadre de nos programmes J’adopte un cours d’eau et SurVol Benthos, nous échantillonnons les macroinvertébrés benthiques, qui sont de bons bioindicateurs. Un bioindicateur est un animal, un végétal, un champignon ou un groupe d’espèces qui permet d’obtenir des informations sur les caractéristiques physiques, chimiques et climatiques (pH, luminosité, humidité, température, etc.) d’un environnement. Les macroinvertébrés benthiques intègrent les variations de l’habitat (dont la température) à court et moyen terme (+/- 1 an). De plus, les macroinvertébrés ont des gammes de préférences de température qui leur permettent de vivre, de s’alimenter et de se reproduire sans problème. C’est ce qu’on appelle la tolérance thermique. Les sondes de température pourront donc nous aider à documenter les variations de la température avec les changements climatiques, tout en nous communiquant des informations complémentaires qui pourraient expliquer la disparition ou l’apparition de groupes de macroinvertébrés benthiques.
Alors, que recherchent les scientifiques avec les données de température? Fondamentalement, nous voulons étudier les variations de la température de l’eau qui sont généralement inhabituelles dans les conditions normales, qui s’écartent du modèle saisonnier prévu et qui peuvent affecter la biodiversité de nos cours d’eau.
Fonctionnant par Bluetooth, les données des sondes de température peuvent être récoltées directement sur le terrain!
De simples outils comme les sondes de température nous permettent d’élargir nos connaissances des effets des changements climatiques sur nos rivières. Avoir des données de température sur quelques mois permet donc d’observer comment les communautés de macroinvertébrés benthiques sont affectées par les variations de température et ainsi d’expliquer la présence ou l’absence de certains groupes. Étant donné qu’ils sont la nourriture de plusieurs espèces aquatiques et terrestres, si certains groupes disparaissent, la chaîne alimentaire sera grandement affectée. En réalisant ces suivis assidûment, nous pourrons viser une adaptation efficace aux changement climatiques!