Depuis cette année, le G3E et son réseau de surveillance de l’état de santé des cours d’eau intègrent un nouveau paramètre dans l’évaluation physico-chimique, la conductivité. Ce paramètre nous permettra d’avoir des informations plus robustes lors de l’analyse et l’évaluation de nos cours d’eau.
Qu’est-ce que la conductivité électrique de l’eau ?
La conductivité électrique est la capacité de l’eau à conduire l’électricité. Beaucoup d’entre vous seront surpris d’apprendre que l’eau pure n’est pas un bon conducteur d’électricité, mais nous savons tous que l’eau et l’électricité ne font pas bon mélange. Alors, qu’est-ce qui permet à l’eau de conduire l’électricité ? Fondamentalement, ce sont les substances dissoutes et plus précisément, ce sont les « électrolytes » qui peuvent être sous forme solide ou liquide dans l’eau, principalement des sels dissous. Alors, plus une solution contient d’ions en solution, plus elle conduira l’électricité, donc plus la conductivité sera élevée. D’autre part, la conductivité est également affectée par la « température » : plus l’eau est chaude, plus la conductivité est élevée.
Pourquoi mesurer la conductivité ?
Comme mentionné, la conductivité est utile comme mesure générale de la qualité de l’eau. Chaque cours d’eau a tendance à avoir une conductivité relativement constante, principalement influencée par la géologie du territoire. Une fois établie, elle peut servir de référence pour le lieu surveillé. Par conséquent, des changements importants dans les valeurs de conductivité pourraient être considérés comme un indicateur de l’existence d’une source de contamination sur le site d’étude. En général, les perturbations humaines ont tendance à augmenter la quantité de substances qui peuvent être dissoutes dans l’eau, entraînant une conductivité accrue. Un exemple bien connu est l’utilisation du sel de déglaçage qui est répandu sur nos routes en hiver et dont une partie atteint les cours d’eau avoisinants, augmentant ainsi les niveaux de conductivité. Les autres sources potentielles de contamination comprennent les lixiviats des décharges, les eaux usées, les opérations de puits de pétrole et les rejets chimiques des usines.
Et quels sont les impacts de la conductivité dans l’écosystème aquatique et les différents usages de l’eau ?
La conductivité électrique de l’eau exerce une influence critique sur la vie aquatique. Les différents organismes qui habitent un cours d’eau sont capables de tolérer un certain niveau de conductivité, mais des changements importants entrainent des changements dans l’abondance et la diversité dans le biote aquatique (les populations des poissons et de macroinvertébrés). Certaines études indiquent qu’il existe une limite critique de conductivité électrique où, au-dessus de 800µS/cm, un changement se produit dans les taxons de macroinvertébrés benthiques dans les cours d’eau. Une augmentation du gradient de la conductivité dans les milieux naturels peut diminuer la probabilité d’occurrence de certains groupes de macroinvertébrés tels que les Tipulidae (Diptère) et les Leptophlebiidae (Éphéméroptère), tandis que d’autres groupes tels que Copépode (Crustacé) et Hydraenidae (Coléoptère) peuvent montrer une tendance à la hausse. Dans le cas des poissons, les modifications de la conductivité électrique (augmentation), ainsi que les modifications du niveau de l’eau, sont décisives pour la reproduction de certains poissons, établissant que les deux facteurs agissent comme des déclencheurs de la maturation, de l’ovulation et frai de l’espèce.
D’autres points à noter sont, par exemple, que l’Organisation mondiale de la santé n’établit pas de normes de conductivité pour l’eau destinée à la consommation humaine ; et que dans le cas de l’eau d’irrigation dans le secteur agricole, si la conductivité est élevée, elle peut générer des problèmes de salinité du sol.
Quel est le lien entre la conductivité électrique et les changements climatiques ?
Comme prévu, les variations de température et de débit dues aux changements climatiques peuvent générer une modification de la conductivité de l’eau. Si la température augmente lorsque le débit diminue, la solubilité des sels pourrait changer, entraînant des changements de conductivité et de pH. Enfin, des contrôles périodiques doivent être effectués sur les paramètres de qualité les plus significatifs, qui permettent de savoir si l’eau continue à maintenir une qualité adéquate pour ses besoins analytiques, si la variation mesurée répond à une action anthropique ou si elle est la réponse aux changements climatiques ou à un événement extrême.
Des rivières surveillées : s’adapter pour l’avenir bénéficie d’une aide financière du gouvernement du Québec tirée du programme Action-Climat Québec et rejoint les objectifs du Plan pour une économie verte 2030.